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12 octobre 2006

Ouuufff!

On a eu chaud!

C'était parti pour une reprise dans la partie supérieure de la cicatrice, où une lame histologique s'était révélée porteuse de tisssu cancéreux... lorsque le chirurgien s'est rappelé qu'ayant vu du tissu louche à cet endroit durant l'opération, il avait pratiqué une recoupe. Recoupe qui était partie au labo avec la pièce d'exérèse. Elle s'était avérée absolument saine et dépourvue de la moindre cellule suspecte à l'analyse.

Mais bizarrement, cette petite phrase n'a été relue par personne dans le dossier de ma douce!!! Ce n'est qu'aujourd'hui qu'ils se sont rendu compte qu'une reprise est parfaitement inutile puisque déjà effectuée lors de l'intervention principale!!!

Elle a donc été convoquée cette après-midi en urgence pour rien et nous en sommes quittes pour de plates excuses, deux mauvaises nuits et un seuil de stress très élevé à nouveau!

Notre destin tient à peu de choses tout de même... une ligne de texte lue ou non dans un rapport anatomopathologique par exemple... 

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10 octobre 2006

Encore un coup de gourdin...

... derrière les oreilles!

Aujourd'hui le chir a appelé, il y a eu réunion avec les onco et tout le staff, bilan: reprise chirurgicale envisagée.

On a rendez-vous dans deux jours pour en discuter avec lui. 

Shit! Shit! Shit et reshit! 

03 octobre 2006

6th and last!

Et de six!

On a fini!  On a fini!  On a fini!  On a fini!  On a fini!  On a fini!  On a fini!  On a fini!  On a fini! 

Et de quatre... onco différents! Quand je vous disais qu'on les collectionne! L'est très bien c'ui-là aussi, un vieux de la vieille, profondément humain...mais qui part à la retraite avant la fin de l'année, sinon on aurait pu le choisir aussi pour le suivi ultérieur, tant pis, that's life!

Je passe sur les détails, arrivées à l'hosto ce matin à 8h15, "gros bulls" blancs super limite et prise de sang de la dernière minute favorable pourtant, retour at home à 16h, forme de ma toute belle très limite aussi of course - notamment programmation infirmière pour injection de facteurs de croissance sanguins demain en raison de son état anémié et affaibli - MAIS c'est la dernière, c'est la dernière, vous zentendez, c'était la dernière!

Maintenant tatouages super sexy marquage radiothérapie dans quinze jours puis grillade rayons début novembre, à Noël on sera au bout des traitements. Je n'ose pas dire qu'on aura la paix, car côté father c'est pas brillant, le lent et douloureux déclin final ayant bien commencé, mais ELLE pourra souffler et renaître à la vie lentement et sûrement.

Même si les quelques prochains jours vont être pénibles et de la voir maigrir encore un peu plus aussi, nous savons que dans deux ou trois semaines ce sera la remontée d'après chimio qui s'amorcera, et ça c'est si bon!

14 septembre 2006

Nouvelles de Mary L

Ma belle a enduré sa 5e FEC ce mardi. Elle est épuisée et l'accumulation des produits devient très pénible.
Elle est vidée et a peur aussi, surtout depuis que l'onco a parlé de laisser le PAC en place après la fin de la chimio! J'ai beau lui dire que c'est normal, mais qu'elle peut demander à s'en défaire si elle veut, elle a pris peur et prend également conscience d'une dimension autre de la maladie: l'après-traitement, les contrôles, etc...
Côté fatigue je ne vaux pas beaucoup mieux, c'est pour ça que je n'écris pas beaucoup ici (ou pratiquement que sur cette foutue maladie qui nous prend la tête!...), ni n'ai eu le temps de lire souvent vos blogs ces derniers jours, il y a le boulot et les enfants... mon père qui meurt lentement mais sûrement de son cancer aussi, et commence à souffrir, quelle saloperie ce truc!
N'empêche, moi la vie sans elle, c'est NON! Alors, NOUS VAINCRONS! Au fait, j'obtiens toujours ce que je veux...

11 septembre 2006

Fan club!

Saviez pô? 

Nous on a un fan club!

Plus exactement c'est le Mary L Fan Club! J'en suis la secrétaire. Si j'osais, je me dirais le chantre la chantresse ou le scribe la scribe de Ma Dame! Ce que je sais, c'est que parfois elle donne des ailes à ma plume... Ma Dame, elle, est mon enchanteresse!

 

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Aussi ce soir un grand merci pour tous les messages de soutien et d'encouragement que nous recevons, par mails, téléphone, ici même, etc... Merci à Totominator, à Sylvie, à Sophie, à Linem (une pensée pour ton L, aujourd'hui encore plus), à Patricia-M, à Annie, à Dominique, à toutes les Essentielles qui nous suivent de près ou discrètement, à tous nos amis si fidèles! Votre soutien est si bon et si indispensable!

Demain, l'avant-dernière après une semaine de fatigue très difficile pour ma douce! Nous vaincrons!

07 septembre 2006

Manquait plus que ça!

V'là-t-i' pas qu'elle oublie les gamelles sur le feu au point de les calciner, que les robinets coulent tout seuls et que des lampes brûlent sûrement pour engraisser Eudes et Heffe parce qu'il n'y a plus personne dans la pièce depuis longtemps!

Je présume que la chimio a commencé à attaquer les neurones sérieusement et qu'on en est arrivé à la case "j'ai-la-mémoire-qui-flanche"... Pourtant on mange du poisson presque tous les jours! Va-t-il falloir lui faire apprendre des fables de La Fontaine? Déjà qu'il y avait nos deux gamins à faire réciter à la maison... Enfin, du moment que ce n'est pas Alzheimer...

Quand je pense que je me disais: l'est bien plus jeune que moi, va tenir le coup longtemps, s'ra mon bâton de vieillesse, ma jeunesse perdue, les cocotiers, le sable chaud, tout ça... tssss, pourvu qu'elle se rappelle encore qui je suis dans une semaine!

Manquerait plus que ça, tiens!

 

PS: à propos, si vous avez des tuyaux pour limiter la casse, ils sont les bienvenus! 

26 août 2006

En bref (post long et ennuyeux)...

... ou comment perdre son temps!

Mardi, réveil à 6 heures du matin, douche pour tout le monde, petit déj, consignes de dernière minute.

7h30: emmené les enfants chez la voisine, avec les recommandations d'usage. Retour prévu à 15h, 15h30 au pire.

8h: arrivée à l'hosto, service onco, couloir des chimios en hospitalisation de jour, on commence à connaître par coeur! Une imbécile inconnue à l'air hébétée nous demande: "C'est pour quoi?" Je réponds de but en blanc: "Pour déjeuner! Une très bonne table pour deux, je vous prie!". Mais aucun sens de l'humour apparemment, je me demande même si elle a compris à ce jour... Mary L, qui rappelons-le, est toujours tête nue, finit par décliner son identité et le motif de sa visite, oui, oui, une chimio, c'est ça! L'abrutie La gourde du couloir finit par comprendre et fonce chercher une infirmière. Nous sommes conduites sur le lieu du crime à la chambre, qui est à un lit, youpeeee l'intimité!

8h10-8h30: prise de la température, pose du patch Emla - meuh voui elle m'aiiimeuh! - poids du jour noté soigneusement comme d'hab et là, oh surprise, l'infirmière de retour déclare: "Nous avons reçu vos analyses, les globules blancs sont trop bas, impossible de faire la chimio aujourd'hui, vous allez devoir revenir dans huit jours!"

O paradoxe, la chimio, tu y vas à reculons, mais si on te dit que tu ne la fais plus... tu la veux plus que tout! Bilan: ma toute tendre en larmes!

"Bon mais le bilan cardiaque prévu aujourd'hui, on peut le faire quand même, comme ça on l'aura pour la prochaine fois, ça vous fera repartir plus vite" Sauf que le RV avec le cardiologue avait été fixé à 14h...  "Nous allons appeler le service cardio et faire avancer le RV à ce matin. Oh et puis je vais vous faire une petite prise de sang, on ne sait jamais, parfois les globules remontent en 24 h. De toute façon il faut attendre le passage du médecin. Ah mais c'est vrai, elle est en vacances! je ne sais pas qui va s'occuper de vous...".

C'est pas grave, on a l'habitude, on est en train de faire tous les médecins du service: déjà deux depuis le début, ça va faire trois ce jour, pour quatre chimio c'est pas mal, surtout qu'en plus, on va même voir le médecin sans avoir la chimio, on est pri-vi-lé-giées! Les autres patients sont suivis par le même onco du début à la fin, nous c'est plus rigolo, on en voit plein! C'est vrai quoi, avant on ne les connaissait que de nom les oncologues, aujourd'hui nous on les collectionne!

Je ne sais si c'est parce qu'on a fait une drôle de tête, en tout cas cette fois, nous avons droit à la chef suprême que nous n'avions pas encore l'honneur de connaître et nous ne sommes pas déçues: la dame se montre professionnelle et sympathique à la fois, efficace et rassurante! Si on nous demande notre avis, mais honnêtement ça on n'y croit pas, pour les cures suivantes on veut bien la garder celle-là! (Mais on prendra ce qu'on nous donne du moment qu'il y a des soins efficaces!). Cette dame a écouté les doléances de ma belle, son amaigrisssement, sa fatigue, ses nausées: elle augmente la cortisone et ajoute un deuxième anti-émétique à prendre à la maison pour qu'elle puisse s'alimenter convenablement dès les premiers jours. Et il y aura une perf de protecteur cardiaque en plus à partir de cette fois-ci! Vous avez dit perffff? Mais oui, les résultats sont tombés sur le téléscripteur arrivés du labo et les "gros bulls" blancs ont remonté suffisamment pour accomplir le rituel feckien! Un bémol à la clé: le service cardio ne fait aucune écho cardiaque le mardi matin, on doit attendre 14h et en plus la chimio n'aura lieu qu'après! Fuck zut, flûte et reflûte!

Gros blème avec les enfants! Trouver un annuaire, appeler la voisine, oui les enfants vont bien, non elle peut les garder jusqu'à six heures, elle aura le temps de faire ses courses après! Ouf!

Bon, il n'est que 10 heures du matin, faut s'occuper jusqu'à cette après-midi, attendre les quelques examens complémentaires qui émaillent la matinée et somnoler entre temps! Douce béatitude des fauteuils à peine inclinables et plastifiés à la mode des années 70, rien de tel pour attrapper à la fois un lumbago et un torticolis, triplés d'une giga suée parce que, oui au fait j'oubliais, à cause des travaux du nouveau bâtiment en construction, on n'a plus le droit d'ouvrir les fenêtres de la journée! 

Quand on a cru qu'on aurait la paix jusqu'au déjeuner, on s'est allongées côte à côte sur le petit lit pour que je puisse enfin reposer mon grand corps ankylosé: j'ai dû m'assoupir, car soudain, sont venus pour l'électrocardiogramme! Mary L était partie aux toilettes et j'ai bien ri quand on a voulu me coller les électrodes du regard interloqué de l'infirmière me trouvant couchée seule dans la chambre!

Il y a un truc génial dans les hôpitaux, c'est qu'on t'apporte à bouffer manger sans arrêt! Tisane, biscottes, beurre et confitures vers dix heures, déjeuner à midi, goûter à 16 heures. Sauf que nous le beurre, on l'a proscrit de notre alimentation, on cuisine à l'huile! Le reste, ça occupe, il y a d'ailleurs des malades qui ne vivent plus que pour les repas! Sauf qu'au déjeuner, une entrecôte bouillie et des patates sautées dans un tonneau d'huile de vidange vu leur couleur, beurk! C'est pas des plats pour des chimioteux ça, mais à quoi donc pensent les diététiciens?

Au bout du compte, on a réussi à récupérer un plateau régime jambon-purée pour ma douce et un plateau standard pour moi (avantage de ce service, certains sont si mal en point dès les premières heures du traitement qu'ils refusent leur repas, je suis sauvée, je mangerai ce midi! Gras, trop cuit, une viande indigeste, des radis au pili-pili, zauriez pas un petit anti-émétique pour moi aussi, siouplaît?) Allez je vais pas me plaindre, il y avait aussi du pain, du fromage, un fruit, au Biafra ils n'en demanderaient pas tant! Et puis avec le quatre-heures qui a battu des records olympiques en se pointant à 3 heures, je n'ai pas eu le temps de ressentir la faim!

Cardiologue très en retard, c'est bizarrre, nous avions le premier RV de l'après-midi, ah mais là aussi le médecin habituel est en congé, donc il n'y en a plus qu'une pour tout assurer, vi vi on comprend mieux maintenant. De fil en aiguille, chimio de 16 à 18 heures (l'anti-émétique en perf, la corti, le protecteur cardiaque, tout ça c'est l'apéro, puis les trois produits FEC l'un après l'autre, ça c'est le plat de résistance, 'non merci je n'en reprends pas', et le liquide de rinçage entre les différentes étapes en guise de digestif, un repas tellement complet que le dîner à la maison, elle n'en voudra pas!) puis passage par la pharmacie et retour au bercail à 19 heures! La voisine ira faire ses courses un autre jour! Les enfants sont ravis, ils se sont bien amusés, ne se sont absolument pas inquiétés et ne comprennent même pas qu'on leur demande de se dépêcher et de dire au revoir. Insouciance de la jeunesse...

Après ça j'ai nourri les fauves zenfants, ma belle est allée se coucher un peu pâle, et chic, n'a pas éprouvé l'envie de repeindre le couloir à neuf comme il y a trois semaines! N'empêche que moi, je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit ou presque pour être présente si ça n'allait pas! Le lendemain au boulot, j'avais le cerveau... lent (oui je sais, faciiiiile!) mais pas plus que les clients - on est en août, coooool - donc tout va bien! Je suis bien contente parce qu'elle mange beaucoup mieux et a bien dormi depuis, elle a même retrouvé la force de crier après les nains fauteurs de trouble dès le deuxième jour. Champion en a profité pour lâcher un "Oh Maman c'est bien, tu es drôlement en forme, on dirait que tu es comme d'habitude" (doit pas voir très clair, sa mère pèse tout de même 9 kilos de moins que l'été dernier, ça c'est le merveilleux égocentrisme de l'adolescence et ça a du bon, au moins ils ne s'inquiètent pas sans arrêt pour nous!). Je ne suis pas sûre qu'elle ait apprécié tant que ça! En tout cas à l'incartade suivante, elle a crié beaucoup moins mais l'a privé de sa BD préférée, il a fait une drôle de bouille après avoir émis quelques grognements déchirants de bête blessée! Manquerait plus que je lui donne un supplément de maths à faire: le pire c'est que j'en suis capable! Vous savez quoi? On est des parents terribles!

21 août 2006

Pas évident!

4e chimio en vue...

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 La sculpture est de Chantal Balme

Le moral de ma belle est dans ses chaussettes! Elle est triste et appréhende pour demain... Alors elle s'active en trottinant un peu partout dans la maison - "ça va mieux quand je m'occupe" m'a-t-elle dit - elle fait du ménage, range, trie, prépare, grogne après les enfants turbulents et même un peu après moi!

Retourner au combat, remonter au casse-pipe encore et encore! Au moment où elle commence à se sentir vraiment mieux, presque en forme!

N'empêche que ce soir au dîner elle était triste aux larmes... Soupir...

15 août 2006

Ca va être ta fête Mary L!


 Bonne fête

ma toute belle!

 

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14 août 2006

Aujourd'hui

Aujourd'hui cela fait quatre mois jour pour jour. Quatre mois que notre vie a basculé, quatre mois que notre univers a pris d'autres couleurs.

Il a d'abord fallu intégrer l'information et tous ses sous-entendus. Les premiers jours, je me souviens que lorsque j'étais seule, je me répétais intérieurement " Elle a un cancer, Elle a un cancer " pour m'entendre dire les mots et pour accepter l'innaceptable plus rapidement. Et je me répétais inlassablement aussi " Elle ne va pas mourir, elle ne va pas mourir, on va se battre ", parfois ça devenait "pourvu que" mais je chassais bien vite cette pensée-là: comme disent les gamins, c'était TROP.

On venait tout juste d'emménager et nos cartons n'étaient même pas tous rangés encore -  d'ailleurs ils ne le sont toujours pas - et nous avions à peine eu le temps de faire de notre nouveau chez nous un lieu confortable et accueillant. Priorité avait été donnée à la propreté des lieux, à la finition des travaux de rénovation et à l'installation des enfants, de la cuisine, des salles de bain, de la salle à manger. Après deux ans et demi de recherche pour trouver la maison de nos rêves, nous y étions enfin, en dépit de tout.

En dépit du handicap et des difficultés professionnelles qui sont mon lot depuis quelques années. En dépit des rapports difficiles avec sa famille, quand ils ne s'en prennent pas directement aux enfants en leur montant le bourrichon contre leur mère, je cite " Ce n'est pas bien ce que ta mère fait, s'il n'y avait pas la prière, je serais déjà morte à l'heure qu'il est ". Avec ça le môme nous revient cassé, déstabilisé en profondeur, avec des " Je ne sais plus qui aimer, je ne sais plus qui croire, je suis perdu". Et il faut s'y rendre en urgence pour remettre les pendules à l'heure (à 300 km tout de même), et menacer de ne plus jamais les laisser approcher les gamins si ça se reproduit.

En dépit de l'attaque en justice du père des gosses pour tenter de les prendre entièrement avec lui: dès qu'il a su notre bonne fortune, il était hors de question qu'il la laissât être très heureuse, il fallait qu'elle en bave encore un peu je suppose. Un divorce difficile sur des années ne lui avait pas suffi, ni de tenter de lui prendre jusqu'à sa chemise! Le vrai problème étant l'homosexualité, qu'il n'a pas supportée. Evoquée en justice dans l'espoir de se voir attribuer la garde totale avec la couronne de lauriers en plus, une veine que les moeurs aient évolué et que nous soyons tombées sur un juge humain... Il devrait tout de même se poser la question de savoir pourquoi il a épousé une lesbienne en connaissance de cause. Et pourquoi il n'a pas supporté pas qu'elle parte le jour où elle s'est rendue compte que décidément non, elle ne pouvait plus jouer à l'hétéro plus longtemps et qu'elle devait mener sa vie avant d'être trop vieille pour ça. Au moins elle a été assez honnête et courageuse pour demander cette séparation avant d'avoir rencontré qui que ce soit. Et bien sa sincérité, il lui a fait payer très cher: que de reproches, de silences qui tuent auprès des enfants ou de remarques atroces: "Votre mère NOUS a abandonnés". Et ça continue avec des "De toute façon les enfants ne sont pas heureux chez toi" "Les enfants n'aiment pas Happy" "Je ne veux pas qu'elle s'occupe d'eux", etc... Cela fait sept ans que ça dure, à force ça me fatigue...

Avec tout ça ma brune a de quoi être tombée malade, attaquée en permanence dans sa fonction de mère, "quand on est comme toi, on ne fait pas d'enfants" "ah bon c'est avec toi que j'ai fait les enfants, je ne m'en rappelle plus..." , de femme "ah non, non, je ne referai pas ma vie, de toute façon les femmes on ne peut pas leur faire confiance" - parfaite pour l'éducation des enfants cette remarque - , d'être humain "si tu avais été normale...". Ce qui bien sûr génère de bien grandes difficultés avec les enfants! On ne peut pas dire non plus qu'ils débordent d'affection envers leur mère: on leur a tellement dit qu'il ne fallait pas l'aimer...  Il paraît qu'à force d'être maltraitée et niée dans sa vérité, une femme peut ne plus avoir d'autre recours que de tomber malade pour se faire entendre! Et comme l'organe qui symbolise le plus la féminité et la maternité, c'est le sein, sans commentaires! Si. Juste l'énorme proportion de ces cancers dans la population... Il y en a donc tant que cela qui sont bafouées, ignorées, vilipendées?

Et puis le temps passe, le traitement avance, étape par étape, et nous apprenons à vivre avec l'épée suspendue au dessus de nos têtes. Et oh surprise! à l'oublier même parfois. Le bonheur reprend ses droits et la vie continue, en dépit des mauvaises semaines. Et nous mesurons notre chance: à six mois près, nous étions en pleins travaux et pas encore dans les murs et ça aurait été tellement pire! Si Elle n'avait pas eu mal et senti un truc bizarre, on aurait tout compris plus tard, trop sûrement... Voir le bon côté des choses. Voir qu'on est ensemble et que notre amour résiste à ce défi de la vie. Rien de tel qu'une bonne grosse tuile pour en mesurer la force! Une amie touchée elle aussi avertissait son mari il y a peu: "Avec ce cancer, pour notre couple c'est le test, ça passe ou ça casse" !

Oh il y a des moments de découragement, mais ça aussi, ça fait partie de la vie. Tout passe, donc la tristesse aussi. Le gris, le noir, laissent place au bleu, au rouge, au vert. Dans sa chaise longue au jardin, elle peut se remplir du vert de nos arbres, des couleurs vives de nos fleurs, du chant des oiseaux et du calme de notre village. Méditation sereine et paisible, à peine entrecoupée par un aboiement au loin ou un ris d'enfant. Et puis il y a le boulot qui continue pour moi (pô pris de vacances depuis août 2005...), une vraie colonne vertébrale, une aire de repos mental en quelque sorte, oublier ses soucis pour se centrer sur autre chose, sur d'autres. Etre utile, se nettoyer l'âme, donner, recevoir, laisser la vie couler à flots dans les directions qui se présentent. Travailler au jardin. Gérer le quotidien. Heureusement.

N'empêche que l'homophobie, ça fait bien des dégâts. Beaucoup trop. Marre de l'ignorance, de la violence, verbale, physique. Les infos de ces dernières semaines, déplorables, profondément attristantes. C'est bien pour ça, témoignons de nos vies, témoignez des vôtres. Existez aux yeux des autres pour qu'ils vous laissent vivre libres. Faites vous respecter. Par tous. Ne nous laissons pas enfermer dans la haine.

Et puis, hein, quoi? Déjà un mois de passé depuis mon anniv? En plus je vieillis... Manquait plus que ça! Comment ça, ça se voit à quoi qu'aujourd'hui je n'ai pas le moral?

02 août 2006

En personne!

J’ai donc enterré ma vie de trentenaire à coup de rouge et de blanc. Mais même si ça en a la couleur, ce n’est pas du vin qu’ils mettent dans les perf, et encore moins du champagne ! Par contre, la gueule de bois le soir, le lendemain et les jours qui suivent…

Mais bon ! Après ça, je vais être décapée, toute neuve pour repartir pour au moins quarante autres années!* Comme les bébés, je n’ai pas encore de cheveux** et je passe mon temps entre mon lit et mon transat!

Hier, le passage des produits de chimio s’est bien passé. Par contre hier soir, j’ai trop tardé à prendre un anti-émétique et du coup, j’ai commencé à repeindre les murs du couloir, mais cette déco ne plaît pas à Happy! Elle a tout nettoyé!*** J’ai passé la nuit dans ma chaise longue pour avoir le buste incliné afin d'éviter que ça ne recommence.**** Aujourd’hui, je me repose et ne mange que des fruits avec quelques petits biscuits.*****

Happy m’a bien gâtée!****** Elle m’a offert une très belle montre.

Je récupère Champion et Junior demain, à moitié dévorés par les moustiques!*******

Mary L 

 

Notes d' Happy:

*  Y a intérêt!

** Tss, à certains détails, je sais bien que c'est pas un bébé du tout! Comment ça, quels détails?

***  Nan la nouvelle déco elle me plaisait pô du tout!

**** Nan nan nan, pô recommencer! Pas ça! Au se-cours!

***** Ca ne me suffit pas à moi, soupir... 

******  Elle est contente, elle est contente, elle est contente, youpeeeee!

*******  Ah bon, pas complètement? Non, je plaisante! Que ferait-on sans eux? Aucune remise en question, jamais d'ego attaqué par leurs petites remarques assassines, aucun nouveau défi? Qu'est-ce qu'on s'ennuierait!

********  Je vous ai bien eu, celui-ci n'existe pas! 

01 août 2006

Et de trois!

Plus que trois!

On est à mi-chemin de cette bataille-là! Yeah! Yeah! Yeah!

31 juillet 2006

Demandez le programme!

Samedi 29 : jardinage et courses. La grosse branche de mûrier, sur laquelle tout le monde s'assommait régulièrement depuis six mois (et nous encore pas plus tard qu'il y a deux jours, on fait une conso d'arnica dans cette maison...), la grosse branche n'est plus! Ca devait être des nains qui habitaient ici avant... Du coup on a dû retailler tout le mûrier pour lui éviter un cruel déséquilibre, ça occupe!

Dimanche 30: jardinage... intensif. Elle s'est mis dans la tête de tailler une partie de la haie en plein soleil, je râle un peu à cause de son bras droit, je me fais rembarrer par un "ça me fait plaisir" autoritaire! Du coup je déterre l'affreux buisson qui est devant la fenêtre de mon bureau et je transplante un laurier rose à la place! Na! Juste un détail: à huit heures du soir je suis encore en train de remplir des sacs avec les branches de thuya qu'elle a coupées... Mais pourquoi donc ont-ils annoncé de l'orage aujourd'hui? C'est pas vrai, pas une goutte! Pourquoi j'suis pas partie au bord de l'eau, moi, hein?

Lundi 31: Mary L a fait du ménage toute la journée à l'étage des fauves enfants - y en a qui vont se faire engueuler bientôt je vous dis que ça, zétaient censés avoir tout fait, tout rangé avant leur départ! - pendant ce temps-là j'ai bossé, sauf quand on a fait les dernières courses au supermarché. A l'instant même où je publie ce post,  elle est en train de nettoyer les chiottes ouatères (comme disait Queneau), je voulais le faire, car il est tout de même plus de 22h30, l'a pas voulu, l'a voulu faire toute seule, l'a dit "ça me fait plaisir"! Quelle forme éblouissante depuis plus de dix jours! Moi je savais pas que l'effet de la cortisone durait aussi longtemps...

Mardi 1er: réveil à 6h, hosto à 8h pour troisième cure de chimio, retour potentiel en début d'après-midi.

Mercredi 2 août: c'est son anniversaire! Z'entendez? C'EST SON ANNIVERSAIRE! Sûr qu'on va pas s'empiffrer de gâteau à la crème, beurk, on fera ce qu'on pourra et on se rattrapera plus tard. Je suis bien tranquille pour mon cadeau qui devrait lui faire grand plaisir - ça ne se mange pas - et elle en rêve depuis un an et demi!

Jeudi 3: retour des enfants by plane. Heure théorique, milieu de matinée. Seront cassés par le décalage horaire comme d'habitude. Comme ça je vais avoir trois marmottes à la maison!

Voilà, vous savez tout ou presque. Je vais aller nourrir les hamsters des voisins (le premier qui me dit "t'es bonne poire", je lui... vous savez la suite, hein.... ). Après je sais pô, j'espère qu'on va pas se mettre à faire les vitres!

27 juillet 2006

Merveilleux Robert

Envoyé par Antonia pour Elle et moi.
Faut absolument que je partage ça!
 
L'éloge de la fatigue
 
Vous me dites Monsieur que j'ai mauvaise mine
Qu'avec cette vie, que je mène, je me ruine
Que l'on ne gagne rien à trop se prodiguer.
Vous me dites enfin que je suis fatigué :
Oui, je suis fatigué Monsieur, mais je m'en flatte
J'ai tout de fatigué, le coeur, la voix, la rate
Je m'endors épuisé, je me réveille las
Mais grâce à Dieu, Monsieur, je ne m'en soucie pas.
Et quand je m'en soucie je me ridiculise
La fatigue souvent n'est que vantardise
On n'est jamais aussi fatigué que l'on croit.
Et quand cela serait n'en a-t-on pas le droit?
Je ne vous parle pas de tristes lassitudes
Qu'on a lorsque le corps amassé d'habitudes
N'a plus pour se mouvoir que de pâles raisons.
Lorsqu'on fait de soi son unique horizon
Lorsqu'on n'a rien à perdre, à vaincre ou à défendre
Cette fatigue-là est mauvaise à entendre.
Elle fait l'oeil morne, le front lourd, le dos rond
Et vous donne l'aspect d'un vivant moribond.
Mais se sentir plié sous le poids formidable
Des vies dont un beau jour on s'est fait responsable,
Savoir qu'on a des joies ou des pleurs dans ses mains,
Savoir qu'on est l'outil, qu'on est le lendemain
Savoir qu'on est la clef, savoir qu'on est la source
Aider une existence à continuer sa course
Et pour cela se battre à s'enliser le coeur:
Cette fatigue-là, Monsieur, c'est du bonheur.
Et sûr qu'à chaque pas, à chaque assaut qu'on livre
On va aider un être à vivre ou à survivre
Et sûr qu'on est le port, la route et le gué
Ou prendrait-on le droit d'être trop fatigué?
Ceux qui font de leur vie une belle aventure
Marque chaque victoire au creux sur leur figure
Et quand le malheur vient y mettre un creux de plus
Parmi tant d'autres creux il passe inaperçu
La fatigue Monsieur est un prix toujours juste
C'est le prix d'une journée d'efforts et de lutte
C'est le prix d'un labeur, d'un pleur ou d'un exploit
Non pas le prix qu'on paie mais celui qu'on reçoit.
C'est le prix d'un travail et d'une journée remplie
Et c'est la preuve aussi qu'on vit avec la vie.
Quand je rentre la nuit et que ma maison dort
J'écoute les sommeils et là je me sens fort
Je me sens tout gonflé de mon humble souffrance
Et ma fatigue alors c'est une récompense

Et vous me conseillez d'aller me reposer ?
Mais si j'acceptais là ce que vous me proposez
Si je m'abandonnais à votre douce intrigue
Mais je mourrais, Monsieur, tristement, de fatigue!
 
Robert Lamoureux
 
 
 
 

15:30 Publié dans Aimer | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Vaincre la maladie